Pierre est frustré. Il aime la pomme mais cela fait longtemps qu’il ne peut plus la manger crue. Son entourage a beau lui soutenir que ce n’est pas grave, puisqu’il peut la manger cuite. La consommer au naturel lui est devenu un vrai cauchemar. Sa lèvre supérieure se met à gonfler. Des grattouillis au fond de la gorge déclenchent des bruits inimitables de raclements sensés le soulager. Le verdict tombe chez l’allergologue, il est sans aucun doute allergique à ce fruit. Dans ce cas, pourquoi peut-il la consommer dans une tarte ? L’explication lumineuse lui ai fourni par le spécialiste. « Vous êtes allergique à l’allergène de la famille des PR10 ». Ceci n’est pas un mot de passe mais une famille de protéines de résistances des végétaux. Dans la pomme, on les retrouve en grande partie dans la pulpe mais son « homologue » est aussi présent dans le pollen de bouleau. Ce qui explique les possible allergies croisées entre le pollen de cet arbre et le fruit de la famille des rosacées. Cet allergène appelé mal d 1 est détruit par la chaleur et donc la cuisson d’où la possibilité de consommer le fruit passé au four, à la casserole ou en confiture. Mangée crue, les manifestations cliniques que la pomme engendre, sont en général locales avec œdème de la lèvre, urticaire peri-orale.
Les syndrome Pomme/bouleau au même titre que celui associé avec la noisette ingérée ne sont pas isolés. Ce phénomène d’allergie croisée aliment/pollen de bouleau s’applique également à d’autres aliments. La liste est évocatrice: pomme, poire, fruits à noyaux (pêche, abricot, cerise..), céleri, carotte, endive, chataigne, arachide, kiwi).
DANS LA PEAU, UN AUTRE COUPABLE
Pour lutter contre les différents attaques du climat et de divers parasites les fruits et végétaux doivent employer plusieurs méthodes. Dans cette optique, elles comptent sur leurs protéines de résistances les PR10 et de défense les LTP . Intéressons nous de plus prés à ces dernières.
Contrairement aux PR10 , les protéines LTP (localisées dans la peau du fruit) sont résistantes à la cuisson et engendrent des réactions plus violentes pouvant aller jusqu'au choc anaphylactique Il n'existe pas d'allergie croisée avec le pollen de bouleau. Leur présence plus marquée dans les fruits bio s'explique par une accentuation de leurs défenses vis à vis d'agresseurs environnementaux en raison d'un moindre utilisation d'insecticides.
QUELLE SOLUTION PROPOSER ?
Auparavant, la seule option pour les allergiques atteints du syndrome pomme /bouleau était de manger le fruit cuit. Une sacrée frustration surtout quand cette allergie croisée est accompagnée d'une réaction à de nombreux autres fruits. Mais, depuis quelques années, des protocoles de tolérance alimentaire à la pomme ont vu le jour. Dans un premier temps, proposée à l'issue d'une collaboration entre équipes d'allergologue belges et françaises, son efficacité est confirmée en 2018 par une équipe belge puis française. Malheureusement encore trop peu d'équipes la pratique. Le principe est de "réhabituer "l'organisme à ne pas réagir a la pomme par exemple en donnant de façon progressive des petites quantités de pomme. Cette technique doit être réalisée sous surveillance médicale pour son instauration.
ATTENTION , IL NE S'AGIT PAS DE TENTER DE FAIRE SA PETITE RÉINTRODUCTION. LA TOLÉRANCE ALIMENTAIRE SE RÉALISE APRÉS DES TESTS CUTANÉS PAR L'ALLERGOLOGUE CONFIRMANT L'ALLERGIE. ENSUITE, EN MILIEU HOSPITALIER AVEC UNE ÉQUIPE MÉDICALE ROMPUE À CET EXERCICE, UN TEST DE PROVOCATION ORAL EST RÉALISÉ POUR CONNAITRE LE SEUIL DE RÉACTIVITÉ AU FRUIT. EN DERNIER LIEU, LA TOLÉRANCE EST INSTAURÉE ET CONTINUÉE À LA MAISON.
Photo collection personnelle de l'auteure: Catherine Quéquet
Rédaction Catherine Quéquet